Ivry-sur-Seine - Dans la cité des Bosquets, réputée difficile, règne un mélange de fierté et de colère suite à la découverte de dispositifs d'espionnage américain, cachés dans des pandas en peluches qui avaient récemment été offerts à l'école par un donateur inconnu.
Les pandas piégés dissimulaient micros, caméras, batteries et modules wifi, le tout extrêmement miniaturisé. Découverts par hasard il y a un mois par un parent d'élève sensible aux ondes, ces "Pandas de Troie" envoyaient leurs informations vers les Etats-Unis, directement sur les serveurs de la « National Security Agency ».
Repérer les futurs terroristes
Interrogée par les autorités françaises sur les raisons qui ont poussé à espionner une simple école maternelle, la "NSA" évoque une forme de "principe de précaution" : « Les vocations terroristes s'expriment de plus en plus tôt. Nous devons agir bien avant qu'il ne soit trop tard. Ces enfants ne sont pas dangereux aujourd'hui, mais certains vont le devenir bientôt. Plus tôt nous recueillons des informations sur les terroristes du futur, plus nous pourrons lutter efficacement contre eux quand le temps sera venu » justifiait le porte-parole de l'agence américaine dans un communiqué officiel.
« Espionné par la NSA ! C'est trop stylé ! »
A Ivry, deux sentiments prédominent : la colère, bien sûr, car c'est la vie privée de plusieurs professeures des écoles, ainsi que celle de dizaines d'enfants qui a été compromise. Mais de la fierté aussi, car pour certains habitants, qui traînent quotidiennement un lourd sentiment d'insignifiance et de futilité, se savoir volontairement espionné par les américains est quelque-chose dont on peut se vanter.
Léonie, la maman de la petite Louna préfère s'en amuser : « Maintenant, quand on voit Obama à la télévision, on dit à Louna qu'il la voit quand elle fait ses coloriages ou sa sieste ! Elle, elle s'en moque mais nous ça nous fait bien rire, qu'est-ce que ça peut lui faire à Obama que Louna fasse bien sa sieste ou pas ? »
Une paranoïa naissante... et justifiée
Dounia Deschamps, la directrice de l'école espionnée, ne prend pas l'affaire avec légereté : « C'est grave, c'est très grave ce qu'il s'est passé. Qu'on espionne des ministres ou des industriels, je ne cautionne pas, mais je peux comprendre. Mais là, des gamins ? C'est ridicule. Ou va-t-on ? C'est quoi la prochaine étape ? Espionner les fœtus dans le ventre de leur mère ? »
Cette affaire ne risque pas d'apaiser la polémique et la paranoïa naissante concernant les agissements de la NSA en France. Alors que les rumeurs se multiplient concernant
des cigarettes électronique "piégées" munies de micros et que se confirment des espionnages via des jeux et applications sur smartphone, les relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis pourraient vite dégénérer. « We knew way before you guys » (*) aurait déclaré un agent de la NSA à des journalistes français, évoquant l'affaire Hollande/Gaillet.