Quand la science tord le cou aux idées reçues. Une étude scientifique franco-britannique réfute aujourd'hui la croyance répandue selon laquelle toutes les femmes seraient « des salopes ». Sur le panel anonymisé de 118 sujets féminins testé, seules 86% des femmes ont présenté simultanément tous les critères caractérisant "une salope", loin des 100% prédits par la populaire expression. Décryptage.
4 critères, 4 "tests"
Menée conjointement par l'équipe du Pr. Henry Brubaker du "London Institute for Studies" et par les scientifiques de l'Université de Sociologie de Tours dirigés par le Pr. Jacques Bruandet, l'étude(*) s'est penché sur les quatre critères qui définissent, selon eux, ce qu'est "une salope" : (1) propension non maîtrisée à la médisance, (2) exploitation de son corps à des fins perfides, (3) matérialisme excessif, (4) trahison de la confiance accordée. Chaque participante a été "testée" selon ces critères; Tous devaient être validés pour être comptabilisée comme "salope".
Test n°1 : Tu ne critiqueras pas son physique
« Dans cette expérience, les trois participantes testées étaient assises derrière un semi-miroir sans tain. De l'autre côté, d'autres participantes se succédaient pendant 60 minutes, chacune devant rester cinq minutes seule devant le miroir, se sachant observée mais ne pouvant pas voir les trois sujets testés. La consigne stricte pour les trois femmes assises était l'interdiction absolue de critiquer » explique le professeur Brubaker au micro de «BBC Science».
Résultat de l'expérience : 98% des femmes ont "craqué" et n'ont pu s'empêcher d'émettre des commentaires sarcastiques et des remarques désobligeantes, pour certaines quelques secondes à peine après le début de l'expérience. « Non mais elle se prend pour qui celle-là ? » commente l'une. « Elle a l'air d'être sur le point de se jeter par la fenêtre ! » « Si j'avais son look j'aurais déjà sauté ! » raillent deux participantes à propos d'une troisième.
Test n°2 : Quelle somme pour "coucher" ?
Ici, les chercheurs ont voulu déterminer si (et pour combien) les femmes étaient disposées à prêter leur corps (pour la science).
On proposait à chaque participante de participer à une (fausse) étude ultérieure et anonyme, de type pharmaceutique, où il s'agissait de tester des préservatifs avec un partenaire masculin sain et assez attractif. Il était demandé à chaque participante à combien, au minimum, devait s'élever sa rémunération pour qu'elle accepte.
« 88% des participantes ont accepté en proposant une somme inférieure à une année de leurs revenus, ce qui était notre seuil de validation pour ce critère » rapporte le Pr. Jacques Bruandet, ajoutant que 15% des candidates étaient prêtes à le faire gratuitement et que trois d'entre elles avaient même, probablement par incompréhension, proposé des sommes d'argent.
Test n°3 : Louboutin ou épanouissement intellectuel ?
Dans cette expérimentation, les scientifiques ont tenté de mesurer le matérialisme des volontaires. Pour cela, les participantes avaient pour consigne de rentrer dans une pièce remplie de "cadeaux" et d'en sélectionner dix.
Parmi ces cadeaux, la moitié était composée de
chaussures, parfums, vêtements de marque et autres sacs-à-main. Le reste comprenait des œuvres majeures de la philosophie et de l'art (l'intégrale de Nietzsche, des billets pour l'opéra, l'oeuvre commentée de Stendhal, etc.) ainsi que des cadeaux orientés "santé" tels que des stages de yoga, des tests de dépistages ou des paniers d'aliments diététiques.
« 98% des participantes ont opté pour des biens matériels à la gratification superficielle mais immédiate, au détriment des articles qui auraient pu les élever psychiquement et physiquement dans le long terme » a expliqué, non sans une pointe de déception, le Pr. Henry Brubaker du L.I.S. londonien.
Test n°4 : 97% de traîtresses
Dans cette dernière expérience, une fausse candidate confiait un secret au sujet testé en lui faisant jurer de ne le répéter à personne. Dans 97% des cas, la promesse a été brisée. Il s'agit d'une des révélations les plus frappantes de l'étude d'après les chercheurs.
« Presque aucune femme n'a pu garder pour elle le secret qu'on lui avait confié. Toutes ou presque n'ont pas hésité à dénoncer leur camarade, quitte à lui attirer de gros ennuis d'ailleurs, puisque le secret en question était que la complice avait laissé son bébé dans sa voiture pour ne pas être dérangée pendant la durée de l'étude » rapporte le Pr. Brubaker dans l'article(*) résumant leur découverte.
Les femmes respectables existent : c'est désormais prouvé scientifiquement
Telle est la conclusion de cette étude, qui n'a pas manqué d'attirer la critique de nombreux observateurs, qui ne questionnent pas sa validité scientifique ou ses méthodes, mais son coût jugé "démesuré" par rapport à l'intérêt du résultat. Pour contrer cette attaque, le Pr Henry Brubaker a déclaré lors d'un point-presse : « Une société, pour évoluer, a besoin de se détacher de ses vielles croyances. Peut-on vraiment mettre un prix sur l'émancipation sociétale ? Grâce à notre étude, chaque fois que vous entendrez quelqu'un dire que "toutes les femmes sont des salopes", où que vous soyez dans le monde, vous pourrez affirmer haut et fort "C'EST FAUX ! Et je peux le prouver." ».