En ces temps d'obsession laïque, voici une nouvelle pour le moins surprenante qui suscite déjà suspicion, railleries et critiques du côté de l'opposition. Dès la rentrée, Aurélie Filippetti cédera sa place de ministre de la culture à Jean Shubhakarasimha, un nom inconnu du milieu politique mais vénéré dans celui du Bouddhisme français. Dans l'attente d'explications officielles de la part du gouvernement, la méfiance semble prédominer : "Ça sent pas bon" a commenté un député UMP "Le PS va encore nous embobiner".
"Détachement du monde matériel", "Acceptation de la souffrance", "Pardon inconditionnel de soi et des autres", voilà quelques uns des préceptes enseignés par Jean Shubhakarasimha, grand lama et futur ministre de la culture. Cet enseignement aura-t-il sa place dans une politique gouvernementale déjà jugée brouillonne par certains de ses détracteurs ? Dans un bref communiqué, le Parti Socialiste justifie évasivement ce mini-remaniement du gouvernement Ayrault II : "Tout en respectant le principe de laïcité cher à notre nation, nous nous devons d'élever la France, économiquement mais aussi spirituellement".
Pour Sylvain Berrios, député UMP du Val-de-Marne, cette décision n'est que la partie émergée d'une stratégie plus globale : "Hollande nous envoie un message qui me paraît clair, il nous dit "je jette l'éponge, je ne cherche plus à sortir le pays de la crise, je vais juste vous apprendre à souffrir en silence"". Alors que les rumeurs concernant la création d'un "ministère de l'éveil des consciences" vont bon train, le mystère enfle autour de ce qui pourrait bien être une toute nouvelle orientation pour François Hollande et son gouvernement.
Lors d'une conférence de presse consacrée à l'affaire Cahuzac, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement est succinctement revenue sur le discret remaniement : "Il n'y a rien d'inhabituel, le gouvernement évolue, s'adapte au contexte intérieur aussi bien qu'international. La France, pour traverser avec sérénité cette période difficile, doit rassembler ses énergies et surtout méditer sur les changements qui bouleversent l'équilibre du monde".