
L'hydroélectricité, source majeure d'énergie renouvelable en France, transforme la force de l'eau en électricité. Cette technologie éprouvée contribue largement au mix énergétique national tout en permettant de réguler la production électrique. Son rôle est déterminant dans la transition énergétique et l'atteinte des objectifs de neutralité carbone.
Définition et principes de l'hydroélectricité
L'hydroélectricité transforme l'énergie gravitaire de l'eau en électricité grâce à des installations spécialisées. Cette source d'énergie renouvelable représente la deuxième source de production électrique en France, avec une puissance installée de 25,7 GW par an.
Les principes fondamentaux de l'hydroélectricité
Le processus de production hydroélectrique repose sur la conversion de l'énergie potentielle et cinétique de l'eau en énergie mécanique, puis en électricité. Une installation hydroélectrique comprend généralement un ouvrage de retenue qui permet de stocker l'eau et de l'orienter vers une usine de production. La puissance électrique générée est directement proportionnelle à la hauteur de chute et au débit d'eau turbiné.
Les composants essentiels d'une centrale hydroélectrique
Une centrale hydraulique s'articule autour de trois éléments principaux :
- Un barrage qui retient et accumule l'eau
- Une centrale équipée de turbines et d'alternateurs pour la production
- Des lignes électriques pour l'évacuation et le transport de l'énergie
La production hydroélectrique française en chiffres
En 2023, l'hydroélectricité a enregistré des performances notables :
- Une production totale de 54,8 TWh, soit une hausse de 23,4% par rapport à 2022
- Un taux de couverture de la consommation nationale de 12,5%
- Une répartition de la puissance installée : 23 755 MW sur le réseau RTE, 1 588 MW sur Enedis, 118 MW sur les réseaux ELD et 222 MW en Corse
Le parc hydroélectrique français
La France dispose de plus de 340 concessions hydroélectriques qui constituent plus de 90% de la puissance hydroélectrique installée. Cette infrastructure place le pays parmi les leaders européens du secteur, derrière la Norvège, la Suède et la Turquie.

Les différents types de centrales hydroélectriques
Les centrales hydroélectriques françaises se déclinent en plusieurs catégories selon leur mode de fonctionnement et leur capacité de production. La France dispose d'un parc diversifié permettant de répondre aux différents besoins du réseau électrique national.
Les centrales de lac et les barrages de retenue
Les centrales de lac, équipées de grands barrages de retenue, constituent les installations les plus puissantes. Ces ouvrages stockent d'importants volumes d'eau en altitude, permettant une production électrique modulable. La puissance installée de ces centrales représente environ 9 GW sur le territoire français. Les barrages de Sainte-Croix dans le Verdon et de Grand'Maison dans les Alpes figurent parmi les plus emblématiques.
Les centrales au fil de l'eau
Ces centrales, installées sur les fleuves et rivières, turbinent l'eau au gré de son écoulement naturel. Elles produisent en continu mais avec une puissance variable selon le débit. La France compte plus de 2000 installations au fil de l'eau, totalisant une puissance de 7,6 GW. Le Rhin et le Rhône concentrent les plus importantes.
Les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP)
Les STEP constituent un système de stockage d'énergie par pompage entre deux réservoirs. En période de faible consommation, l'eau est pompée vers le bassin supérieur pour être turbinée aux heures de forte demande. La France dispose de 6 STEP majeures représentant une puissance de 5 GW.
Les petites centrales hydroélectriques
Les installations de moins de 10 MW, appelées petite hydroélectricité, totalisent environ 2,7 GW de puissance installée. Plus de 2400 petites centrales sont réparties sur l'ensemble du territoire, principalement sur des cours d'eau de moyenne montagne.
Type de centrale | Puissance installée (GW) |
Centrales de lac | 9,0 |
Fil de l'eau | 7,6 |
STEP | 5,0 |
Petite hydroélectricité | 2,7 |

La production hydroélectrique en chiffres
Les données de production hydroélectrique en France témoignent du rôle majeur de cette source d'énergie renouvelable dans le mix énergétique national. Les statistiques récentes permettent de dresser un panorama détaillé de ce secteur.
Production hydroélectrique nationale
En 2023, la production hydroélectrique française a atteint 54,8 TWh, soit une augmentation de 23,4% par rapport à 2022. Cette production représente 12,5% de la consommation électrique nationale. La puissance installée totale s'élève à 25 684 MW, répartie sur différents réseaux :
- 23 755 MW sur le réseau RTE
- 1 588 MW sur le réseau Enedis
- 118 MW sur les réseaux ELD
- 222 MW sur le réseau EDF-SEI en Corse
Répartition géographique de la production
La production hydroélectrique se concentre principalement dans trois grandes régions montagneuses françaises. EDF, qui gère près de 80% du parc hydroélectrique national avec 20,1 GW de puissance installée, exploite 425 centrales et plus de 600 barrages sur le territoire.
Potentiel de développement
Selon France Hydro Électricité, le potentiel de production supplémentaire pourrait atteindre 12 TWh, soit une augmentation de 20% de la production actuelle. Cette augmentation serait rendue possible par deux leviers principaux :
- L'optimisation des installations existantes pour maximiser le rendement des turbines
- La création de nouvelles installations et l'équipement d'ouvrages existants comme les seuils et anciens sites hydrauliques

Les enjeux environnementaux de l'hydroélectricité
L'hydroélectricité, bien que renouvelable, modifie les écosystèmes aquatiques et terrestres autour des installations. Les barrages et centrales hydroélectriques nécessitent une gestion environnementale rigoureuse pour préserver la biodiversité et les équilibres naturels.
Modifications des écosystèmes aquatiques
La construction de barrages transforme profondément les cours d'eau. La création de retenues artificielles perturbe la circulation des sédiments et des espèces aquatiques. Les poissons migrateurs comme les saumons et les anguilles voient leurs déplacements entravés. Pour atténuer ces effets, les installations modernes intègrent des passes à poissons permettant leur circulation. Un débit minimal, dit "débit réservé", doit être maintenu dans le lit naturel du cours d'eau pour préserver la vie aquatique.
Perturbations des milieux terrestres
La mise en eau des barrages inonde des terres, modifiant durablement les paysages et les habitats naturels. La végétation submergée se décompose, libérant du méthane, un gaz à effet de serre. Les variations de niveau d'eau dans les retenues érodent les berges et perturbent les écosystèmes riverains. Des mesures compensatoires sont mises en place : reboisement, création de zones humides artificielles, protection d'espaces naturels équivalents.
Dimension sociale et territoriale
Les grands projets hydroélectriques peuvent nécessiter le déplacement de populations et la modification d'activités économiques locales comme l'agriculture. La concertation avec les habitants et les collectivités devient indispensable. Les retenues d'eau créent aussi de nouvelles opportunités : tourisme, pêche, sports nautiques. La gestion des ouvrages doit concilier production électrique et usages multiples de l'eau.
Solutions techniques et réglementaires
Des innovations technologiques réduisent l'empreinte environnementale : turbines "fish-friendly" limitant la mortalité des poissons, dispositifs de franchissement plus efficaces, systèmes de surveillance écologique. La réglementation impose des études d'impact préalables et un suivi régulier des effets sur l'environnement. Les concessions hydroélectriques intègrent désormais des obligations de protection de la biodiversité.

Cadre réglementaire et sécurité des installations hydroélectriques
La réglementation des installations hydroélectriques en France s'inscrit dans un cadre législatif rigoureux qui garantit la sécurité des ouvrages et la protection de l'environnement. Les normes et procédures encadrent strictement l'exploitation des centrales hydroélectriques sur le territoire national.
Le régime des concessions hydroélectriques
Les installations hydroélectriques de plus de 4,5 MW sont soumises au régime des concessions. La France compte plus de 340 concessions hydroélectriques qui représentent 90% de la puissance installée. Les contrats de concession définissent les conditions d'exploitation et les obligations des concessionnaires en matière de sécurité et d'environnement.
Le renouvellement des concessions suit une procédure stricte :
- Mise en concurrence obligatoire
- Évaluation technique et financière des candidats
- Vérification du respect des normes de sécurité
- Contrôle des engagements environnementaux
Les normes de sécurité des ouvrages
Les barrages hydroélectriques sont classés en fonction de leur hauteur et du volume de leur retenue. Cette classification détermine la fréquence des inspections et les obligations en matière de surveillance :
Classe | Hauteur | Volume retenue | Fréquence inspection |
A | >20m | >15M m³ | Annuelle |
B | 10-20m | 1-15M m³ | Tous les 5 ans |
C | 5-10m | 0,05-1M m³ | Tous les 10 ans |
La modernisation des infrastructures
Les gestionnaires d'installations hydroélectriques doivent régulièrement mettre à niveau leurs équipements. Cette modernisation concerne notamment :
Les systèmes de contrôle-commande
L'automatisation et la numérisation des systèmes de pilotage permettent d'améliorer la sécurité et les performances des installations. Les équipements de surveillance sont mis à niveau selon les dernières technologies disponibles.
Le renforcement structurel
Les travaux de confortement des ouvrages visent à garantir leur résistance face aux contraintes mécaniques et aux aléas climatiques. Des études géotechniques régulières évaluent la stabilité des structures.

Les perspectives d'avenir de l'hydroélectricité en France
L'hydroélectricité française se prépare à relever les défis énergétiques des prochaines décennies. Avec une capacité installée de 25,7 GW, cette source d'énergie renouvelable mature continue d'évoluer pour répondre aux enjeux de la transition énergétique.
Le développement des petites centrales
Les grands barrages ayant déjà été largement développés dans les années 1970, l'avenir de l'hydroélectricité passe désormais par les petites installations. La France voit naître environ 40 nouvelles centrales chaque année, des projets qui requièrent une expertise technique pointue et un respect strict des normes environnementales. Ces installations de taille modeste présentent des rendements remarquables, atteignant 75% en moyenne et jusqu'à 98% pour les plus performantes.
Les innovations technologiques
Le secteur hydroélectrique connaît des avancées techniques majeures sur plusieurs fronts :
- Turbines nouvelle génération à haut rendement
- Systèmes de gestion automatisée des installations
- Technologies de prévision météorologique perfectionnées
- Équipements de surveillance en temps réel
Le rôle dans la transition énergétique
L'hydroélectricité s'affirme comme un pilier de la décarbonation du mix électrique français. Sa capacité à fournir une puissance rapidement mobilisable en fait un complément indispensable aux énergies solaire et éolienne. D'après RTE, plus la part des énergies renouvelables intermittentes augmentera, plus l'hydraulique sera nécessaire pour équilibrer le réseau électrique.
Objectifs de modernisation
La programmation pluriannuelle de l'énergie fixe deux axes prioritaires : moderniser les installations existantes pour garantir leur sécurité et leur performance environnementale, et exploiter le potentiel résiduel en respectant les contraintes écologiques. Cette double approche permettra de maintenir la contribution de l'hydroélectricité à hauteur de 11-12% de la production électrique nationale.

Comparaison internationale de l'hydroélectricité
La France se positionne comme l'un des pays leaders en matière d'hydroélectricité en Europe, avec une puissance installée de 25,7 GW. Cependant, d'autres nations présentent des capacités et des modèles de développement différents dont nous pouvons tirer des enseignements.
Les géants mondiaux de l'hydroélectricité
La Norvège domine le paysage européen avec une part d'hydroélectricité atteignant 87,9% de sa production électrique totale en 2023. Le Canada affiche également des performances remarquables avec 57,5% de sa production provenant des barrages hydrauliques. La Turquie complète le podium européen devant la France.
Ces différences s'expliquent notamment par :
- La topographie et l'hydrographie naturelles des territoires
- Les choix historiques de politique énergétique
- Les investissements consentis dans les infrastructures
Technologies et innovations : les spécificités nationales
Le Canada mise fortement sur les grands barrages-réservoirs, adaptés à sa géographie. La Norvège privilégie quant à elle un mix entre centrales de haute chute dans les fjords et installations au fil de l'eau. Cette diversité technologique permet d'optimiser la production selon les contraintes locales.
Enseignements pour la France
L'expérience internationale montre qu'il reste un potentiel de développement en France. D'après France Hydro Électricité, la production pourrait augmenter de 12 TWh (+20%) en modernisant les installations existantes et en équipant de nouveaux sites. Les modèles norvégien et canadien démontrent notamment l'intérêt de diversifier les types d'installations selon les territoires.
Perspectives de coopération
Les échanges technologiques entre pays permettent d'accélérer l'innovation. La France collabore notamment avec le Canada sur des projets de recherche concernant la gestion des sédiments et l'optimisation des turbines. Ces partenariats internationaux constituent un levier majeur pour le développement du secteur.

L'essentiel à retenir sur l'hydroélectricité en France
L'hydroélectricité demeure un pilier de la transition énergétique française grâce à sa flexibilité et sa maturité technologique. Les années à venir verront une modernisation des installations existantes et le développement de nouvelles capacités, notamment dans le pompage-turbinage. Cette évolution s'accompagnera d'innovations pour minimiser les effets sur les milieux aquatiques tout en maximisant la production d'énergie verte.